Mosquée incendiée: Sarkozy dénonce un acte «raciste»Un millier de personnes se sont réunies dimanche devant la mosquée de Saint-Priest, près de Lyon, pour dénoncer la montée de "l'islamophobie" au lendemain d'une tentative d'incendie du lieu de culte.Un membre de la communauté musulmane brandit un livre incendié à Saint-Priest dans la banlieue de Lyon. (AFP / PHILIPPE MERLE)
Le président de la République Nicolas Sarkozy a condamné dimanche "avec la plus grande fermeté" la tentative d'incendie d'une mosquée à Saint-Priest, qu'il a décrit comme un "acte honteux à caractère raciste".
Dimanche soir, les auteurs de l'incendie n'étaient toujours pas identifiés, ni leurs motivations connues.
Le chef de l'Etat a souhaité que "les auteurs de ce geste inqualifiable soient rapidement interpellés et puissent être sévèrement sanctionnés par la justice", dans une lettre au président du Conseil français du culte musulman (CFCM).
"J'ai appris avec consternation l'incendie d'origine criminelle qui a endommagé la mosquée de Saint-Priest", écrit le chef de l'Etat à Mohamed Moussaoui.
"Je condamne avec la plus grande fermeté cet acte honteux à caractère raciste et exprime ma plus totale solidarité aux musulmans de France", ajoute M. Sarkozy.
RASSEMBLEMENT DEVANT LA MOSQUEEUn millier de personnes se sont réunies dimanche devant la mosquée de Saint-Priest, dans la banlieue de Lyon, pour dénoncer la montée de "l'islamophobie" en France au lendemain d'une tentative d'incendie du lieu de culte qui a suscité un vif émoi au niveau national.
Entre un millier de personnes, selon la police, plus de 2.000 selon les organisateurs, ont bravé le froid sec pour exprimer leur "colère et leur incompréhension" face à la "recrudescence et à la montée significative de l'islamophobie en France".
Beaucoup d'hommes, quelques enfants et leurs mères, ont écouté en silence et dans la dignité les discours des personnalités religieuses et politiques présentes, réunies devant la porte de la mosquée, brûlée et barrée par des planches.
Souad, 30 ans, venue du 8e arrondissement de Lyon pour apporter son "soutien" à ses frères musulmans de Saint-Priest, s'est dit "très peinée et meurtrie". "On a du mal à comprendre ce type de geste: comment peut-on s'attaquer à un lieu de paix?", s'est-elle interrogée.
"On se serait attaqué à une synagogue ou à une église, j'aurais pensé de la même façon", a-t-elle ajouté.
Parmi la foule des fidèles, un anonyme fait flotter un drapeau tricolore, tandis qu'un autre brandit un Coran dont les pages ont été endommagées par le début d'incendie, d'origine criminelle avérée selon la police.
"Voir que l'on s'attaque à des lieux de culte et à des sépultures (ndlr: allusion à la profanation début décembre de 500 tombes du carré musulman du cimetière Notre-Dame-de-Lorette, près d'Arras) m'inquiète", a affirmé le recteur de la Grande Mosquée de Lyon, Kamel Kabtane.
"Ce Coran est plein de paix, ce Coran est plein d'amour, lisez-le!", s'écrie alors le fidèle brandissant le livre sacré "parti en fumée", un "sacrilège" selon Maurice Amsellem, président régional du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif).
Devant la recrudescence "incontestable" des actes islamophobes, le président du Conseil régional du culte musulman (CRCM), Azzedine Gaci, a appelé à la tenue d'une "manifestation nationale contre le racisme, l'antisémitisme et l'islamophobie".
M. Gaci a également demandé l'installation de caméras de surveillance à proximité des principales mosquées et la mise en place d'une "cellule de suivi des actes islamophobes".
Un autre responsable, Abdelaziz Chaambi, du collectif des Musulmans de France, a souhaité pour sa part qu'un "projet de loi contre l'islamophobie" soit présenté par le gouvernement "à l'image des lois contre l'antisémitisme et le révisionnisme"."Les communiqués de soutien, c'est très bien, mais on attend de choses plus concrètes", a-t-il ajouté, très applaudi.
Dans la foule, invitée à "partager le thé de l'amitié" avant de se disperser en fin d'après-midi, Souad acquiesce. "A partir du moment où on dit qu'on est musulman pratiquant, on assimile notre pratique à de l'intégrisme, à tous ces mots en +isme+ qui nous salissent", confie-t-elle.
(source AFP)